Après une chronique dans l’émission du jour, et un coup de cœur, The Two a droit à un article pour ce Paléo 2016. Vous savez ce que l’on dit: “jamais deux sans trois”.

Ils étaient réunis dès 22h45 sur la scène du Club Tent, le troisième jour du Paléo, à savoir le jeudi 21 juillet, pour un concert de plus d’une heure, débordant allègrement sur l’ouverture du concert de Massive Attack.

“Déborder”, voilà d’ailleurs un verbe qui décrit bien le chanteur majeur du groupe, Yannick Nannette. En effet, la prestation vocale du groupe repose en immense partie sur ce dernier. Garni d’une voix rauque et bien grave, capable aussi de se faire suave, le Mauricien donne corps et âme à la musique du duo. Vous pourrez apprécier cette voix en écoutant l’interview réalisée par Amandine en septembre 2015, à l’occasion du festival du Chant du Gros. Cependant, on ne peut négliger l’apport musical et la présence de Thierry Jaccard sans qui le duo ne serait évidemment plus. L’alchimie établit entre les deux bluesmen ne saurait se produire avec d’autres. Les Two ne se nomment pas ainsi simplement parce qu’ils sont deux, mais surtout car c’est leur philosophie, leur manière, de tout faire à deux. D’autre part, non content d’offrir une prestation musicale tout bonnement épatante, les deux artistes usent d’artifices “naturels” ─ bel oxymore qui définit parfaitement ce que fait The Two ─ pour conserver son public en haleine. Alors que Thierry et son sourire éternel rayonnent sur les spectateurs, Yannick et sa chaleur nous irradient. Autrement dit, le contact avec l’un est plutôt visuel tandis qu’avec l’autre, c’est à la fois corporel et spirituel; la chaleur émanant du corps et du l’âme.

“Le blues, c’est la source”

Cette citation de Yannick himself (dans une interview de février accordée à bluesactu.com) se vérifie avec The Two sur scène. Pour produire leur musique, ils ont plusieurs guitares à leur disposition, et notamment ce qui ressemble de loin à des Dobro DM33, très voyantes par leur côté métallisé et lustré, et employées pour donner un son folk. Car ils font à la fois du blues, et du folk. On peut même ajouter du rock, qui après tout découle du blues, surtout lorsqu’il s’agit pour Yannick de projeter sa voix en un hurlement, comme un déchirement de l’âme. Les Two comptent un seul album à leur actif intitulé Sweet Dirty Blues, illustrant l’ambivalence de leurs titres, démarrant souvent par une longue intro douce coulant telle une rivière et se muant progressivement ou brutalement en un torrent furieux. C’est ce qu’on pourrait appeler leur “recette”, ou leur “signature”. Une autre caractéristique de leur musique est le soin apporté aux fins de titres qui sont presque toujours retenues au maximum pour finir sur une ponctuation sèche et généreuse, au timing parfait afin de délivrer un maximum de plaisir. Enfin, le duo excelle dans ses silences, qu’ils soient dans ou entre les chansons, se calant parfaitement ─ ça fait beaucoup de parfait (two much) ─ sur la respiration synchronisée du public et de la musique. Cela leur ajoute du relief et vient parfaire leur show.

Quant au public, il s’agit de les faire participer un maximum, la passivité étant prohibée dans ce concert. Par exemple, en nous faisant battre la mesure des deux mains, ou en nous enjoignant d’imiter Yannick qui varie ses “Ooh Ooh” ou “Hey Hey” avec force. En somme, ce concert est un véritable exutoire, que vous soyez ou non un adepte de blues ou de folk.

Les remerciements ne sont pas oubliés à la fin du concert. L’équipe de Paléo est gratifié par cette phrase de Yannick: “On a mangé comme des rois, on s’est fait bichonné…” en écho aux remerciements de Synapson qui a déclaré à la fin de son concert que ce fut le meilleur accueil qu’ils avaient eu jusque là dans un festival. En citant Yannick une nouvelle fois: “On s’appelle The Two mais ce soir nous sommes neuf”, incluant ainsi les techniciens s’occupant du son et de la captation vidéo qui ne sont pas en reste côté reconnaissance, puisque chacun est nommé et applaudit par le public. Ce dernier, en dépit du concert de Massive Attack déjà entamé depuis de nombreuses minutes, réserve tout de même deux ovations très belles. L’une à la fin du concert et l’autre à la seconde fin du concert, après le bis ─ évidemment.

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