Les Australiens étaient de passage au Paléo pour leur retour sur scène. Un concert impeccable entre le soleil et les chapeaux cardinal.

Dans le monde du Rock n’roll, il y en a des histoires à raconter, des tubes et des légendes à décortiquer. Il y a les légendes disparues et vénérées, alors que certaines sont actuelles et admirées. D’autres en revanche semblent confirmées mais oubliées. Le sentiment général n’était pas loin de l’indifférence lorsque Midnight Oil est sobrement monté sur scène en ce bel après-midi sur la plaine de l’Asse. Une masse de plus en plus compacte et curieuse s’est néanmoins pressée pour accueillir les Australiens, peut être plus par nostalgie que réel enthousiasme. Il faut dire que le coup des vieilles gloires ressorties du placard, le public averti le connaît et s’en méfie parfois cruellement. Face au retour de Midnight Oil, cela peut sembler justifié, leurs dernières tournées remontant au début des années 2000. Se posent alors inévitablement quelques questions : tiennent-ils toujours debout, se questionnent les anciens, est-ce que je connais au moins une chanson se demandent les plus curieux ? Alors que les premiers auront finalement eu rapidement une réponse positive, les autres n’auront pas eu besoin de connaître par cœur le répertoire du groupe pour apprécier un concert solide et efficace.

Dès les premières notes, le ton est donné. Le charismatique Peter Garett (qui visiblement n’a pas compris qu’il ne jouait pas dans le pays du « French president Macron » mais dans la confédération de la chère Doris) et sa bande sont en forme et ne s’arrêteront pratiquement jamais pendant une heure et demie. Des classiques, des riffs lourds, en passant par une new wave bluesy et groovy, les festivaliers se sont régalés. Un rock pur et dur, transgénérationnel, en phase avec Paléo ! Le désormais vieillot, avouons-le, lot d’enregistrement mélangeant batterie raisonnante et synthétiseur mal mixé n’avait guère de quoi réjouir la moitié du public nyonnais, dont la moyenne d’âge est située en dessous des 30 ans. Et pourtant, d’une voix à la Marilyn Manson des temps jadis, d’un groupe à la Depeche Mode en quête de sens, les Australiens se sont transformés en un REM plus punchy (le crâne chauve de Peter Garett n’y est pour rien), dans la pure tradition du rock, avec la voix d’un Bob Dylan revigoré. Comme quoi, si les enregistrements studio sont parfois dépassés, il n’en demeure pas moins que les compositions sont impeccables et qu’il ne fallait pas plus que le talent de ces musiciens pour correctement les porter sur scène. Soyons honnêtes, Paléo avait oublié à quel point Midnight Oil était bon et mérite son statut de groupe légendaire. Le groupe a pris un malin plaisir à le rappeler.

A 19h30, le public avait presque oublié la seule chose dont il était certain une heure auparavant, tant le reste du show était délicieux : le groupe était l’auteur de Beds Are Burning. C’est pourtant bien cet hymne qui retentit et qui fait chavirer la plaine de l’Asse. En plus d’avoir fait plaisir aux nostalgiques, Midnight Oil a donc également rassuré les sceptiques et rassasié les curieux. Les lits étaient en feu et personne ne semblait prêt à s’y coucher de sitôt, les Pixies et Arcade Fire arrivant droit derrière.

 

Crédits photo: Michèle Müller / Paléo

 

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