Tout festivalier se rendant au village du monde s’attend inévitablement à quelques sonorités différentes des habituelles chansons pop qui tournent en boucle sur les ondes. C’est d’ailleurs là que réside tout le charme de ce fameux village du monde, si cher au Paléo festival. Lorsque je me suis rendu sous le dôme avec l’objectif d’observer d’un peu plus près un groupe du nom de Tulegur, je me suis mis dans de bonnes conditions, faisant preuve de curiosité face à ce duo. En effet, je savais pertinemment que je me lançais dans une drôle d’expérimentation jamais vécue jusque là. Mais peu importe, c’est aussi par là qu’opère le charme de Paléo !

Mon intérêt pour ce concert allait toutefois grandir de plus en plus, car quelle ne fut pas ma surprise lorsque j’appris, en effectuant quelques recherches, que Tulegur, groupe d’origine mongole, se définissait comme un groupe de “nomad rock”ou de “grunge mongol”. Je me réjouissais dès lors de l’entrée en scène de Gangzi, c’est le nom du chanteur et guitariste, ainsi que de son acolyte Zangcan. Et je ne fus pas déçu. Le plus souvent équipés d’une guitare folk et d’un cajon, habillés à la fois dans une tenue traditionnelle et moderne, les deux compères m’ont vite séduit.

Le show commence de manière fort entraînante. Les riffs et le rythme n’ont rien à envier au blues ou au folk et ils se rapprochent parfois même de la country. Imaginez un Bruce Springsteen ou un Johnny Cash sur scène (certaines mimiques de Gangzi rappellent d’ailleurs ces deux figures) chantant en mongol. Lorsque le tempo se fait plus lent, on pourrait sans exagérer penser à l’unplugged de Nirvana ou encore à Bob Dylan. Avec cette “arrière fond” sonore finalement familier et la formidable voix de Gangzi, qui évoque l’aspect traditionnel des chants et des tonalités de voix de l’extrême orient, je comprends mieux l’expression “nomad rock” et me félicite d’avoir opté pour un tel concert.

Paradoxalement, alors que Tulegur nous fait voyager dans un monde différent du nôtre, le duo ramène paléo au plus près de sa source. Le dôme a, l’espace d’un instant, retrouvé l’essence-même du festival, rappelant les concerts sur le terrain de Colovray. Le public, de tout âge, est assis, voir même couché devant la scène et il se laisse simplement séduire et emporter par cette musique aux milles saveurs lointaines, mais en même temps très folk.

Tulegur témoigne donc de cette force qu’à la musique de rassembler les hommes malgré leurs différences et les distances qui les séparent. Elle seule permet cette sorte d’attirance réciproque. Preuve en est la véritable écoute du public qui, une fois les premiers sourires et la surprise passés, ne s’y est pas trompé.

Tulegur, qui a d’ailleurs assuré la première partie du groupe de rap français IAM lors de son passage en Chine, n’a sûrement pas fini de faire parler de lui en Europe. A l’heure où j’écrivais cet article, le duo était juste à côté de moi, tout excité à l’idée de donner une première interview à un confrère … comme si l’essentiel était ailleurs.

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